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TAYEB

BENABDERRAHMANE

Détention arbitraire et torture au Qatar

Tayeb Benabderrahmane

Présentation de M. Tayeb Benabderrahmane

Monsieur Tayeb Benabderrahmane, né le 24 janvier 1981, de nationalités française et algérienne, est un chef d’entreprise et consultant originaire de Gennevilliers. Investi dans les questions géopolitiques depuis les années 2000, il s’est distingué par son engagement dans des projets d’insertion socio-professionnelle pour les jeunes en difficulté, notamment à travers le « Pacte de la seconde chance » qui a réuni des entreprises telles que le Paris Saint-Germain, BeInSport et Organidem.

Ses actions s’inscrivent dans un cadre de valeurs républicaines et d’égalité des chances, ce qui lui a permis de nouer des liens importants dans les milieux politique et diplomatique. En 2014, il a été introduit à l’ambassade du Qatar en France et a régulièrement assisté aux matchs du Paris Saint-Germain au Parc des Princes.

Son engagement citoyen l’a conduit à fonder le « Club Géopolitique » en 2017, dont il est le Président. Ce groupe de réflexion, soutenu par des universitaires, des personnalités politiques et de la société civile, aborde les enjeux géopolitiques. Il y a mené des activités de mécénat et contribué à la résolution de diverses crises internationales en Afrique, dans le Golfe arabique et au Moyen-Orient. À ce titre, il a rencontré de nombreuses personnalités influentes du monde économique, politique et diplomatique.

Parallèlement, M. Benabderrahmane est conseiller spécial de Son Excellence Hama Amadou, ancien Premier Ministre du Niger, et du président du Conseil Suprême des villes et tribus libyennes, Monsieur Ageli Breni. Depuis 2016, il conseille également l’Union Africaine sur le dossier libyen.

Attestations et remerciements professionnels adressés à M. Benabderrahmane

Relations avec les autorités qataries et M. Nasser Al-Khelaïfi

En 2014, M. Benabderrahmane a été introduit à l’ambassade du Qatar en France, où il a développé des liens de proximité avec plusieurs diplomates. En 2016, il a été sollicité par le Paris Saint-Germain et BeIn Sport pour rendre plusieurs services au club et à son président.

Lors de la crise diplomatique du Qatar en 2017, M. Benabderrahmane a aidé à sensibiliser l’opinion publique française. C’est dans ce contexte qu’il a rencontré M. Nasser Ghanim Al-Khelaïfi, président du Paris Saint-Germain, pour renforcer les actions en faveur du dialogue géopolitique. Il a ensuite organisé des colloques, notamment au Sénat, pour analyser la crise du Golfe et promouvoir le dialogue entre les États.

Fort de son expérience et de ses relations, M. Benabderrahmane a continué à développer ses activités professionnelles et son rôle de conseiller auprès de personnalités politiques, œuvrant à la résolution de crises internationales.

L’embauche, la prise de fonction et l’installation de M. Tayeb Benabderrahmane au Qatar

En octobre 2018, M. Tayeb Benabderrahmane a été invité à Doha par le Dr Ali bin Samikh Al-Marri, président du Comité des droits de l’Homme au Qatar (NHRC) et secrétaire général de l’Alliance mondiale des institutions nationales des droits de l’homme (GANHRI). Il lui a proposé un rôle de conseiller pour valoriser les efforts du Qatar en matière de droits de l’Homme en France et en Europe, dans un contexte de blocus persistant.

M. Benabderrahmane a accepté, menant des actions pour promouvoir la paix et lutter contre la corruption en coordination avec l’ACTA et le procureur général du Qatar, Dr Ali bin Fetais Al-Marri. Après avoir consulté certaines personnalités françaises, il a remis au Dr Ali divers dossiers, dont des informations sur l’organisation de la Coupe du Monde 2022 et le fonctionnement de BeIn Sport et du PSG.

En 2019, il a réalisé plusieurs missions, rédigé des rapports, et participé à des événements internationaux, notamment en remettant un rapport du NHRC au Pape François. Ses succès lui ont valu une proposition de poste à Doha en tant que « Général Advisor », qu’il a acceptée, s’installant avec sa famille et devenant résident fiscal qatari.

L’ambiance au Qatar était toutefois tendue, avec des incidents marquants comme l’arrestation de l’ingénieur Ali Salem de BeIN Sport et le décès dans des circonstances suspectes de Mark Bennett. En novembre 2019, M. Benabderrahmane a confirmé mettre fin à ses missions au NHRC pour se consacrer à ses investissements. À son retour à Doha en janvier 2020, sa famille a subi un contrôle de passeports anormalement long et a découvert que leur domicile avait été fouillé.

Sequestration, la détention arbitraire et les actes de torture subis par M. Benabderrahmane au Qatar entre le 13 janvier et le 1er novembre 2020

Le 13 janvier 2020, M. Benabderrahmane a été arrêté près de son domicile par une quinzaine d’agents des forces de sécurité qataries, sans explication ni information sur ses droits. Il a simplement été informé que l’arrestation était faite « sur ordre de l’Émir. » Lors de son transfert à son domicile, une perquisition illégale y était déjà en cours contre le consentement de son épouse. Sans comprendre l’arabe, M. Benabderrahmane a été contraint de signer un document sans explication. Son épouse a reçu l’ordre de ne pas contacter un avocat ou les autorités consulaires.

M. Benabderrahmane a ensuite été détenu dans un lieu secret, puis transféré à la prison de Salwa Road en février 2020. Pendant sa détention, il a subi des actes de torture, des menaces de mort, et des interrogatoires réguliers. Menotté et les yeux bandés, il a été conduit dans une pièce sans fenêtre, soumis à des fouilles corporelles et enfermé dans une cellule exiguë. Les interrogatoires répétés, parfois accompagnés de violences physiques et psychologiques, l’ont contraint à rester debout pendant des heures, avec un sommeil limité à quelques heures par nuit.

Le 20 janvier, M. Benabderrahmane a été autorisé à contacter son épouse sous surveillance, la pressant de coopérer. Peu après, les autorités ont exigé qu’elle récupère toutes les archives personnelles et professionnelles de son mari en Algérie et les leur remette. À son retour, le 29 janvier, elle a été interceptée, et la valise a été saisie.

Le 1er février 2020, M. Benabderrahmane a été transféré à la prison de Salwa Road, placé à l’isolement et soumis à des interrogatoires sous conditions de privation de sommeil. Durant cette période, sa famille a quitté le Qatar, s’exilant en France le 16 mars 2020.

En avril 2020, M. Benabderrahmane a été informé qu’une « transaction » était envisagée pour sa libération, impliquant la remise d’autres documents en France ainsi que la signature d’un accord de confidentialité. Sous la menace, il a demandé à son épouse de transmettre ces documents. En juin 2020, à l’issue de négociations entre les avocats, plusieurs documents ont été remis aux autorités qataries.

Le 1er juillet 2020, après la remise du dernier support numérique, M. Benabderrahmane a été libéré de prison et placé en résidence surveillée à l’hôtel Intercontinental de Doha, restant sous surveillance et à la disposition des services qataris.

La signature du protocole litigieux le 10 juillet 2020 malgré le maintien de la privation de liberté de M. Benabderrahmane

C’est dans ce contexte, et sans pouvoir dissocier cette signature des événements précédents, que M. Benabderrahmane a été contraint de signer le protocole litigieux le 10 juillet 2020. Ce protocole a été signé à Paris par Maître Renaud Semerdjian, représentant M. Nasser Ghanim Al-Khelaïfi, et à Doha par M. Benabderrahmane, alors assigné à résidence et toujours sous la menace des autorités qataries.

Le protocole incluait une clause pénale de 5 millions d’euros en cas de violation de l’obligation de confidentialité, applicable exclusivement à M. Benabderrahmane. Celui-ci reconnaissait avoir remis des documents potentiellement compromettants pour M. Al-Khelaïfi et s’engageait à ne pas tenir de propos dénigrants à son sujet.

L’accord garantissait officieusement à M. Benabderrahmane qu’il pourrait quitter le Qatar pour rejoindre la France à partir du 30 septembre 2020. De plus, le 15 juillet 2020, Mme Mahdjouba Benabderrahmane a signé un engagement de confidentialité sous la contrainte, s’engageant elle aussi à garder le silence sur les informations liées à l’affaire.

Il est important de souligner que ce protocole a été imposé à M. Benabderrahmane, sans qu’il ait pu en discuter ou consulter son avocat. Il l’a découvert et signé le jour même, alors qu’il ne pouvait pas quitter le Qatar où il était captif depuis 179 jours. L’accord n’a pas été rédigé par son avocat mais semble l’avoir été par ceux de M. Al-Khelaïfi ou par un tiers, ce qui est visible dans sa présentation et formulation.

Levée de l’assignation à résidence et interdiction de quitter le Qatar

Malgré la signature du protocole, M. Benabderrahmane n’a pas immédiatement été autorisé à quitter le Qatar. La levée de l’interdiction dépendait de l’assurance que M. Benabderrahmane ou ses « affiliés » n’influeraient pas négativement sur les investigations pénales contre M. Al-Khelaïfi en Suisse. C’est seulement le 30 octobre 2020, après la conclusion du procès suisse, que M. Benabderrahmane a été autorisé à quitter le Qatar, et il est rentré en France le 1er novembre 2020

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